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La sève, 2020 (en cours)
Ce corpus de photographies argentiques s'inscrit dans la suite de celui intitulé Souffles (2012-2022). Il fait le récit d'un territoire, celui du nord du Lot et de son patrimoine naturel. C'est un journal photographique où la rivière Dordogne, l'esprit des forêts du Ségala, le Causse et ses paysages rocailleux deviennent sujets aux côtés des portraits.
La poésie du quotidien flotte dans ce journal, dans lequel les portraits se font plus rares et laissent place à la nature : la forêt habite la moitié du département. Les villes s'effacent peu à peu des images. Les photographies de paysages parcourus à pieds ouvrent une fenêtre sur une nouvelle décennie. La vie ralentit et s'accorde aux saisons. La douceur des gris veloutés des images succède aux noirs et blancs contrastés, au tumulte et aux couleurs parfois vibrantes du premier journal.
Au creux du Ségala, nommé « château d'eau du Lot », je prends racine. Sur la crête en proie au vent, bordée de hêtres et de châtaigner, j'appréhende le territoire par son sol et ses rivières, sillonnant ses sentiers, suivant ses cours d'eau qui soignent l'esprit et libèrent les corps. Je côtoie ses végétaux et glane ce qu'ils offrent au fil du temps. En bas de la vallée, les ruisseaux relient les villages et hameaux. lls s'appellent Mamoul ou Combe Frère.
Cette série se nourrit du temps long et de l'intime. En filigrane, il y a ces questions : comment habite-t-on un territoire qui n'est pas le sien ? Loin des paysages fracturés de La Réunion, comment dessiner un nouvel ancrage ?
Cette série s'intitule La sève. Elle emporte avec elle le liquide médicinal gorgé d'eau des végétaux. Elle imagine les rivières en sève du territoire nouveau. La sève, c'est le goût de la vie.
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